Tétraméron – José Carlos Somoza

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José Carlos Somoza, que l’on connaissait mieux sous le manteau du polar, nous livre cette fois un récit d’un genre pourtant pas si différent : le récit gothique. Dans la collection des Lettres Hispaniques de chez Actes Sud – qui nous avait déjà proposé un magnifique Lady Hunt à l’automne 2013 – il revient garnir nos tables avec une petite perle: Tétraméron, Les Contes de Soledad.

Référence directe et assumée au Décaméron de Boccace, ce Tétraméron en reprend le schéma : aux dix jours du Décaméron se répondent les dix nouvelles contenues dans Tétraméron.

 « Ce livre est un coffret acajou pourvu d’une serrure au centre », voilà la première phrase destinée au lecteur. Alors on ouvre le coffret et l’on trouve une histoire. Elle met en scène une fillette très jeune, Soledad. Cette petite de douze ans encore non-pubère – description nous en est faite – se prépare devant nous pour un voyage duquel elle ne reviendra pas.

Une excursion avec sa classe, un trajet en bus, l’arrivée dans un vieux monastère, des événements que Soledad traverse comme un être éthéré pour finalement arriver là où elle devait arriver.

Dans une salle secrète, dans les profondeurs du monastère, loin sous la montagne, quatre personnes, deux hommes et deux femmes, sont réunies autour d’une table et composent la société très privée du Tétraméron. Regroupés en ce lieu pour se raconter des histoires, ces quatre conteurs accueillent l’irruption de Soledad comme une nécessité. La jeune fille se retrouve prise au piège dans cette réunion improbable.

Tour à tour, les conteurs prennent la parole pour raconter des histoires surprenantes, incroyables ou fantastiques. L’un d’eux va même jusqu’à raconter l’histoire d’une histoire. Un conte, dans une histoire, dans un roman. Chaque personnage est ainsi présenté comme un nouveau coffre précieux à ouvrir pour en révéler le contenu.

Soledad, par la force des choses, se retrouve juge de ces récits prégnants du Mal et de la tentation, et jugée par ceux qui les racontent. Et à mesure que les pages se tournent, l’angoisse monte et l’ambiance s’assombrit.


 

Tétraméron, José Carlos Somoza (trad° Marianne Million), Actes Sud, 21,50€.

Valmon

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